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Le système cannabinoïde endogène, dont le nom vient de la plante qui a permis sa découverte, est peut-être le système physiologique le plus important impliqué dans l’établissement et la préservation de la santé humaine. Les endocannabinoïdes et leurs récepteurs sont présents dans tout l’organisme: dans le cerveau, les organes, les tissus conjonctifs, les glandes et les cellules immunitaires. Dans chaque tissu, le système cannabinoïde accomplit plusieurs tâches, mais l’objectif est toujours le même: l’homéostasie, le maintien d’un environnement interne stable malgré les variations survenant dans l’environnement externe.
Distribution des récepteurs cannabinoïdes :
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A ce jour, deux récepteurs cannabinoïdes sont identifiés : le CB1, cloné en 1990 et le CB2, cloné en 1993 par l’équipe de Howlett et al. Un 3ème récepteur suppuratif est en cours d’identification (GPR55). Le récepteur CB1 est l’un des récepteurs couplés aux protéines G les plus abondants du système nerveux central et périphérique :
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ils ont été décelés aussi bien dans les cellules gliales que dans les neurones, au niveau du cortex cérébral, de l’hippocampe, de l’amygdale, des noyaux basaux, de la substantia nigra pars reticulata, des segments internes et externes du globus pallidus et du cervelet (couche moléculaire) ainsi qu’aux niveaux central et périphérique des voies de conduction de la douleur comprenant la substance grise périaqueducale, le noyau rostral ventrolateral medullaire, les régions des neurones primaires afférents de la corne dorsale de la moelle épinière, les interneurones médullaires et les nocicepteurs périphériques.
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Toutefois, les récepteurs CB1 sont aussi présents dans de nombreux autres organes et tissus, dont les cellules musculaires striées, les leucocytes et les cellules endothéliales (rate, thymus et ganglions lymphatique), les adipocytes, les poumons, le cœur, l’appareil gastro-intestinal (intestin grêle et gros intestin, estomac, pancréas, foie), l’appareil urinaire (reins et vessie), les organes reproducteurs, les os, les articulations, la peau, les glandes surrénales, le corps ciliaire et la cornée.
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Les récepteurs CB2 prédominent dans les tissus immunitaires : leucocytes, mastocytes, ganglions lymphatique, amygdales, rate, thymus. Ils sont aussi présents dans la moelle osseuse, le foie, le placenta et le système nerveux (central et périphérique). Ces derniers ont été moins étudiés que les récepteurs CB1, probablement car ils ne sont pas liés à l’effet psychotrope du cannabis.
Fonctions du système endocannabinoïde :
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Le système endocannabinoïde participe à la régulation d’un nombre très vaste de processus physiologiques et physiopathologiques, dont le développement neural, la fonction cardiovasculaire, l’inflammation, l’immunité, l’appétit, le métabolisme et l’homéostasie énergétique, la digestion, le développement et la densité osseuse, la plasticité synaptique et l’apprentissage, la perception des informations sensorielles, notamment nociceptives, la reproduction, le comportement psychomoteur, les troubles psychiatriques, la mémoire, les cycles de veille et de sommeil, ainsi que la régulation du stress et de l’état émotionnel.
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Une des spécificités du système endocannabinoïde est de s’adapter à la plupart des situations pathologiques de manière ciblée, en régulant à la hausse la production moyenne d’endocannabinoïdes et de récepteurs aux cannabinoïdes lorsqu’il faut compenser un déséquilibre local.
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Les cannabinoïdes jouent un rôle dans la destruction des tissus malades en régulant la phagocytose et l’apoptose des cellules malades ou cancéreuses. Les cannabinoïdes participent à la régulation de la douleur et de l’inflammation en cas de blessure par 3 mécanismes d’action différents sur 3 types de cellules différentes. Parallèlement, il a été démontré qu’une stimulation des récepteurs CB1 pouvait avoir des effets protecteurs, par exemple dans la sclérose en plaque ou dans les cancers du côlon, mais aussi néfastes comme dans la cirrhose du foie.
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Les endocannabinoïdes se trouvent à la croisée des différents systèmes du corps, permettant une communication globale et une coordination des différents types cellulaires. Avec ses actions complexes au niveau du système immunitaire, du système nerveux et dans tous les organes du corps, il représente littéralement un pont entre le corps et l’esprit. En comprenant ce système on commence à voir un mécanisme qui explique comment les états de conscience peuvent promouvoir la santé ou la maladie. En plus de réguler notre homéostasie interne et cellulaire, les cannabinoïdes influencent la relation qu’une personne a avec son environnement extérieur. Socialement, l’administration de cannabinoïdes modifie clairement les comportements humains, promouvant souvent la solidarité, l’humour et la créativité. En modulant la neurogenèse, la plasticité neuronale et l’apprentissage, les cannabinoïdes pourraient influencer directement l’ouverture d’esprit d’une personne et son habilité à aller au delà de schémas de pensée et de comportements restrictifs hérités de situations passées.
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Les cannabinoïdes favorisent l’homéostasie à tous les niveaux de la vie biologique, du niveau infra-cellulaire à celui de l’organisme, et peut être à celui de la communauté et au delà. Il est possible que le cannabis devienne à l’avenir une des plantes les plus utiles de la pharmacopée, en termes de soins et de prévention des maladies, et un appui adapté dans notre environnement de plus en plus toxique et carcinogène. Un reformatage des vieux schémas est essentiel à la santé dans notre environnement changeant très rapidement. Dans tous les cas, la compréhension des mécanismes de ce système complexe pourrait permettre de renforcer l’efficacité et le ciblage de certains traitements, par le biais de PCB, d’agonistes ou d’antagonistes cannabinoïdes, ce qui suggère un avenir très prometteur de cette nouvelle classe thérapeutique.
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